La mobilité transfrontalière comme sur des roulettes…

La mobilité transfrontalière comme sur des roulettes

Quoi de neuf pour ceux qui traversent la frontière Suisse en trottinette, vélo, voiture, train, tram ou même en bateau ?
Voici des nouvelles bien utiles pour faire le bon choix de moyen de transport et éviter que ce parcours ne devienne un supplice quotidien.
Avec de nouvelles offres, de nouvelles voies, de nouvelles routes, il est temps de réévaluer son trajet et sa mobilité habituelle.


Sommaire:

La Voiture

Les goulots d’étranglements

Pour aller travailler en voiture, le trajet le plus simple pour le frontalier passe souvent par les « grandes » douanes :
Bardonnex et Vallard pour Genève,
l’Autoroute A35 et Saint-Louis pour Bâle,
Chiasso pour Lugano,
Vallorbe pour le haut Vaudois,
auxquelles s’ajoutent le col des roches du Locle et Delle-Boncourt.

Ceci a pour effet de multiplier les ralentissements, les retards, l’énervement…
Quand la configuration géographique le permet, les frontaliers multiplient donc les solutions alternatives. Ils essaient de contourner les embouteillages et de passer par les « petites » douanes.

Les contournements et la crispation des « petites » douanes…

En 2016 vous avez pu lire notre article sur la fermeture des petites douanes du côté de Genève. Quatre douanes du canton se sont retrouvées fermées jusqu’à 8.30 du matin, obligeant les véhicules à se rabattre sur les douanes principales à une heure matinale particulièrement délicate.

Après deux ans de discussions, la Haute Savoie et le canton de Genève font la paix avec la décision d’aménager deux lignes de bus supplémentaires pour soulager le trafic transfrontalier !

“Les petites douanes resteront ouvertes mais avec une clause restrictive : si à la fin de l’année 2019 la diminution du trafic n’a pas atteint les 10 %, le passage des frontières concernées serait réservé durant l’heure de pointe du matin seulement aux covoiturés, bus et deux-roues. Un autre objectif a été fixé : réduire le trafic d’ici 2020 de 20 % “ d’après les représentants des communes françaises et du conseiller d’Etat, Serge Dal Busco.

Depuis un an maintenant, la ligne de bus 62 relie la commune française de Collonges-sous-Salève à Lancy (GE) et la ligne de minibus 63 relie le matin les habitants de Viry au P + R Bernex (GE). Une ligne déjà bien remplie de passagers et surtout d’écoliers s’étonnent les chauffeurs du bus !

Du côté de Bâle, comme d’habitude, rien à signaler …

Pas de fermeture de petites douanes du côté de Bâle, en revanche pour beaucoup de conducteurs qui viennent de Mulhouse, les petites douanes (comme celle de Lysbüchel à Saint Louis) sont une “porte de secours” qui accède à Bâle.

Délestages et freins à Genève

Les délestages et les freins à Genève

Pour éviter que les véhicules ne rentrent à Genève (et délester le trafic auto), il a été proposé en 2014 de construire des P+R en France voisine et de relier ces parkings avec des bus à fréquence élevée. Les électeurs ont refusé ce projet de construction de P+R en France. Les voitures frontalières continuent donc de poursuivre leur route vers Genève…

Quelques années plus tard, un tour de vis supplémentaire est annoncé : il s’agit maintenant de réduire le nombre de parkings en surface et de ne pas compenser cette réduction par de nouvelles place de parkings en sous sol.

Cette réduction des places de parc sur le lieu de destination oblige le frontalier à envisager des alternatives en amont comme le tramway et le train.

Nouveaux trams et trains !

La période est riche en nouveautés pour ce qui est des tramways et des trains.

Des Trams

On l’attendait… le tram à Saint Genis Pouilly !

Depuis une décennie, l’extension du Tram de Genève jusqu’au centre de Saint Genis Pouilly était dans les cartons. Après études et pétitions, le projet a été jugé trop onéreux, il a été définitivement abandonnée en septembre 2018.

A la place, pour désengorger le pays de Gex, une solution de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) va être mis en place. Prochaines étapes prévues en 2020…

Le tram se construit à Annemasse

Le tramway qui relie Annemasse à Genève vient renforcer les offres de mobilité avec le CEVA, le Bus à Haut Niveau de Service Tango et la voie verte pour le vélo.
Il est estimé que ce tramway contribuera à une réduction quotidienne de 4’000 voitures…

De Bâle à Saint-Louis, le tram est bien là !

Le Tram 3 fonctionne bien entre Bâle et Saint-Louis mais le parcours dans la partie française a réservé quelques surprises. Des incidents (tirs laser, jets de cailloux) lors de la traversée de certaines zones ont amené à l’interruption du service après 20 heures au delà de Burgfelderhof et la prise en charge du service par le Distribus 604 à partir de Schifflände.
La mise en oeuvre de personnel de sécurité sur ces lignes témoigne que le transport public ce n’est pas seulement du matériel roulant, c’est aussi l’activation d’une mixité sociale qu’il convient d’accompagner plutôt que de laisser dériver.

Des trains

Trains : Bâle est bien dotée…

Bâle est bien dotée

Du côté des liaisons ferrés, le train TER qui relie Basel SBB à Mulhouse Ville en 23 minutes propose un train toutes les 30 minutes en heure de pointe.

Le Léman Express, l’heure approche

Fin 2019, le Léman Express aura déployé le tronçon CEVA Cornavin-Eaux Vives- Annemasse.
Avec 40 trains, 45 gares et 230 km de ligne, le Léman Express devrait transporter chaque jour près de 50’000 voyageurs à l’horizon 2020 !

Le Léman Express, le choc de réalité

Le Léman Express est présenté comme le plus grand réseau ferroviaire transfrontalier d’Europe. Nous verrons si un projet qui relie des réalités sociales aussi distinctes que Genève et Annemasse nécessite un accompagnement lors de sa mise en oeuvre (on pense ici aux aménagements dans l’exploitation du Tram 3 de Bâle-Saint Louis). On se rappellera peut être alors les craintes des habitants du quartier de Champel de voir se diffuser tout au long de la ligne les activités illicites actuellement circonscrites à ses deux extrémités (Annemasse – gare Cornavin).

Pour certains, la meilleure nouvelle du CEVA c’est la piste cyclable qui a été posée au dessus du tunnel et qui permet, sans risque, de rejoindre Annemasse et le centre de Genève en vélo. Pas de rues à partager avec des automobilistes énervés !

À bicyclette… à trottinette

La bicyclette à Genève

Le vélo est de plus en plus populaire ! Notre article de 2015 sur le vélo à Genève, mentionnait l’augmentation de 137% du trafic cycliste dans l’agglomération genevoise entre 1987 et 2001… Il mentionnait aussi que ⅔ des cyclistes en percevaient les dangers. Les importants investissements d’aménagements de la ville en matière de circulation deux roues devraient avoir contribué à en réduire les dangers. Alors que le développement des vélos électriques de plus en plus rapides devrait en avoir augmenté les risques.
Il n’en reste pas moins que, déjà en 2011, nous avions souligné ici comment le vélo pouvait être pratique pour le frontalier.

La trottinette à Bâle

Bien que le vélo soit utilisé par des frontaliers à proximité de Bâle, la trottinette électrique en libre service vient fortement concurrencer le vélo pour les trajets “intra-muros”.
Introduite récemment, on en voit sur tous les trottoirs de Bâle !

A Zurich l’engouement est identique mais pas sans soucis. La compagnie LIME qui est déployée dans d’autres grandes villes mondiales a été obligée d’interrompre son activité de janvier à septembre 2019 pour cause de freins défectueux.

Ce service n’existe pas à Genève ou Lausanne, les piétons y sont encore en possession des trottoirs…

L’enjeux du multimodal

Avec la trottinette, l’enjeux du passage entre différents modes de transport apparaît clairement (ces dernières années c’est bien la trottinette en libre service qui rafle la palme de l’interconnexion urbaine) !

Le multimodal, de la contrainte à la facilité?

Pour inciter aux changements de comportement, contenir la pollution et fluidifier l’important trafic automobile, le législateur a utilisé les taxes et les limitations. C’était la période de l’incitation par la contrainte.
Des avancées technologiques (amélioration des batteries, gestion de flotte à distance …) ont permis l’arrivée de solutions de mobilité plus faciles d’utilisation. Après l’incitation par la contrainte, vient le temps de l’incitation par la praticité, par la facilité d’utilisation.

Que l’on arrive en ville en train, bateau, voiture et que l’on continue en vélo, trottinette ou avec un autre transport en commun, les solutions se multiplient pour réduire le temps d’interconnexion. Dans un maillage de transport urbain dense, plus le temps de passage d’un type de transport à un autre est court, moins la voiture est avantageuse.
Encore faut il que ces changements soient économiques et leur paiement soit simple

Une carte multimodale pour la Suisse?

Oui elle existe, son nom est SwissPass !

Vous vous êtes demandé pourquoi il semble compliqué de s’abonner à certains transports en commun comme les TPG à Genève … La réponse est que le SwissPass centralise l’accès à des transports publics ainsi qu’à des services partenaires. Cette carte regroupe même des abonnements de train CFF, bus ou des forfaits de ski. C’est un pass mobilité pour toute la suisse.

Le bateau sur le Léman

Nous n’oublions surement pas ces collègues qui commencent leur journée le matin avec une croisière lacustre. Transport idyllique… lorsque le soleil est là !

Il se poursuit à Lausanne par la ligne de metro et un maillage de transports particulièrement réussi sur l’axe Ouchy-Flon.

Lorsque la bise se met à souffler fort (4 à 5 fois par an) des témoignages nous annoncent des perturbations sur les trajets Yvoire-Nyon et Thonon-Evian-Lausanne.
Pour parer à ces soucis hivernaux, la CGN a mis en place le “plan tempête” :
– Dans le cas d’une annulation des services en cours de journée, une alternative est proposée pour un retour en France
– Dans le cas d’une annulation des services la veille ou le matin même avant la 1ère traversée, une alternative est proposée pour se rendre en Suisse
A défaut, un trajet par la route est estimé à plus de 2 heures.

L’impact environnemental des moyens de transport

Le frontalier qui souhaite prendre en compte l’impact environnemental dans son choix de moyen de transport pourra lire cette étude du canton de Vaud sur l’écobilan des moyens de transport.

 

Impact environnemental des moyens de transport

La même étude sur le cycle de vie d’un moyen de transport compare la consommation type de certains véhicules en litres équivalents d’essence :
– Une voiture : 9.2 l/100km (moyenne suisse)
– Une voiture « covoiturage » : 7 l/100km soit pour 2 places utilisées, 3.5l/100km par occupant
– Un autobus: 40-80 l/100km pour une capacité de charge allant de 40 à 100 places, soit 1l/100km par occupant

Au delà de ces aspects techniques, le frontalier qui vit et travaille dans deux pays dépend de deux réglementations. La perception de son environnement doit aussi inclure des décisions politiques et réglementaires.

Les autres parties prenantes du choix

Le frontalier n’est pas seul à décider de son moyen de transport. Deux autres parties prenantes vont fortement influer sur son choix : il s’agit du gouvernement français et de ce que l’on appelle le souverain en Suisse.

Le gouvernement en France

L’expérience prouve qu’il vaut mieux comprendre vers où s’oriente la politique gouvernementale ou même locale française. Les changements réglementaires français sont souvent radicaux.

On entend encore les échos des habitants de grandes villes qui ont acheté un véhicule diesel juste avant que les restrictions de circulation ne les frappent… Ils ont pu être surpris car quelques mois avant, le diesel bénéficiait d’incitations gouvernementales.
Ces changements brusques peuvent engendrer des réactions radicales. C’est le cas de la limitation de vitesse de 80km/h fin 2018 qui a déclenché la crise des Gilets Jaunes!

Le souverain en Suisse

En Suisse, les changements sont davantage prévisibles. Elles s’inscrivent dans le temps. Cela réduit le risque de décisions intempestives et contradictoires.

Les P+R, parkings, ponts, tunnels, autoroutes font l’objet de votations communales, cantonales, fédérales …

C’est le peuple souverain qui décide. Il est informé, le sujet est décrit, le matériel de vote est détaillé et au final comme pour tous les sujets d’importance, ce sont les votations qui définissent comment le résident et le frontalier vont traverser la frontière, circuler, se parquer…

Le frontalier est responsable de son choix de mobilité

Aujourd’hui, pour aller travailler, le frontalier dispose d’une gamme de modes de transports de plus en plus large. Il y en a des amusants (mono-roues), des futuristes (voitures semi autonomes), des étonnants (trottinettes électriques), des partageux (co-voiturage).

Au delà des effets de mode, la constante c’est que pour le frontalier, le transport a une empreinte importante sur son budget, sur son temps et sur son environnement.
Comme le contexte de la mobilité est changeant, le frontalier se doit de régulièrement réévaluer les options de transport qui lui sont proposées. Nos publications y contribuent.

Notre Dossier : La mobilité du frontalier

Frontalier en voiture électrique, yes we can!

Le covoiturage avant les péages urbains ?

L’idée d’un péage urbain à Genève fait débat

Echec des 50 rues piétonnes à Genève ! Quelles solutions ?

Vous pouvez réagir à cet article sur forum.welcome-suisse.ch