L’affaiblissement du franc suisse est-il durable ?

Taux change EUR CHF à l'heure du Covid-19Taux change EUR CHF à l'heure du Covid-19

Complétez votre lecture avec l’article plus récent du 1er trimestre 2019

Le 24 juillet 2017 à 10 heures, l’EURO/CHF se négocie à 1.101192, du jamais vu depuis juin 2016!

Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : la victoire d’Emmanuel Macron début mai, sans oublier la perspective d’un prochain tour de vis monétaire de la Banque Central Européenne (BCE), aidée en cela par une conjoncture économique favorable en Zone Euro.

Comme le montre la fréquentation en hausse sur notre page dédiée au cours de change, vous êtes nombreux à vous intéresser et suivre l’évolution du taux de chaEUR/CHF : les fluctuation du franc suisse ne sont jamais neutres pour le Frontalier français, que ce soit au niveau de l’emploi (le Frontalier est surreprésenté dans les secteurs actifs à l’exportation) ou de ses finances personnelles.

Une dynamique perçue avec bienveillance par la BNS

Le franc Suisse est victime de son statut de monnaie refuge.  A court terme, la tendance actuelle au renforcement de l’Euro devrait profiter à la Banque Nationale Suisse (BNS) qui se bat depuis bientôt 10 ans pour que l’économie Suisse ne souffre pas trop du franc cher. Cela va lui permettre de réduire ses interventions pour affaiblir le franc suisse, et de ralentir ses achats d’Euro.

Sur le long terme, la dynamique actuelle n’est pas suffisante: dans son communiqué du 15 juin 2017, la BNS, juge le franc suisse encore nettement surévaluée.

Le taux d’intérêt appliqué aux avoirs à vue détenus à la BNS demeure par conséquent fixé à –0,75%. L’objectif est de rendre le franc moins attrayant pour les détenteurs d’épargne. En clair, il faut payer pour avoir accès au coffre fort suisse…

Les moteurs de ce reflux : réduction du risque politique…

Eclatement EURO

 

Le relâchement du franc suisse face à la monnaie unique européenne s’est accéléré début mai lorsque la perspective d’une victoire du candidat d’«En Marche» s’est clairement dessinée.

Politiquement, cette victoire donne de l’oxygène à la monnaie unique en écartant le spectre d’une désagrégation à moyen terme de la zone Euro et de la monnaie unique.

Seule ombre au tableau et bien que s’éloignant de notre présent sujet, le Brexit reste un sujet de préoccupation majeur des entreprises suisses, avec les conséquences juridiques et administratives de l’abandon des accords bilatéraux.

Le Royaume-Uni est le cinquième partenaire commercial de la Suisse (5,4% des exportations), surtout dans les secteurs à forte valeur ajoutée (Sciences de la vie, industrie de précision, agro industrie premium…).

… et réduction du risque économique

La croissance économique se renforce en zone euro depuis quelques mois, «l’alignement des planètes» (pétrole, changes, taux) joue les prolongations. Principal marché à l’export, le moteur allemand tourne à plein régime.

Depuis 2015, les entreprises suisses exportatrices ont dû adapter à marche forcée leur structure de coût. Dans ce contexte, toute évolution positive de leur chiffre d’affaire en Euro se répercute immédiatement sur leur marge.

Par ailleurs, si l’embellie se poursuit, la Banque Centrale Européenne pourrait mettre en place une politique monétaire moins accommodante renforçant ainsi l’attractivité de la monnaie européenne au détriment du franc.

Un impact positif sur les exportations suisses

D’après l’Administration fédérale des douanes, les exportations ont progressé de 4,4% pour culminer à 109,6 milliards de francs au premier semestre 2017.

Exportation suisse

Avec 7% de croissance, la dynamique a reposé pour les deux tiers sur les produits chimiques et pharmaceutiques, premier secteur à l’export.

Les numéros deux et trois de l’export, soient le secteur des machines outils (industrie MEM) et l’horlogerie ont stagné. Après trois semestres en recul, cette dernière a ainsi pu stopper l’hémorragie.

Selon l’organisme de promotion des exportations Switzerland Global Enterprise (S-GE), «l’évolution de la monnaie unique au cours du premier semestre 2017 pourrait aussi donner un coup de pouce supplémentaire à l’économie Suisse».

Conjugué à la situation favorable de la demande dans zone Euro, la conjoncture semble favorable aux trois principaux secteurs exportateurs suisses.

Pour rappel, il s’agit aussi des principaux pourvoyeurs d’emploi chez le Frontalier français.
Si une baisse du franc suisse n’est peut être pas une bonne nouvelle à court terme pour les finances personnelles du Frontalier, c’en est une bonne à plus long terme pour son emploi.
Si la baisse se poursuit, ce sera aussi positif pour le frontalier qui a un prêt immobilier en franc suisse et qui vendra son logement.

Et vous, pensez-vous que ce renforcement de l’Euro va continuer ? Comment voyez-vous l’évolution du taux de change EUR/CHF d’ici la fin de l’année ?

Commentaires

  1. Bon article,

    Mais qui à mon avis est trop orienté vers un affaiblissement du CHF.

    Les risques pesant sur certaines banques italiennes ou régionales en Allemagne ne sont pas mentionnés.
    Et pourtant, si cela venait à faire la une des journaux, il y aura un impact fort.

    De même, la faiblesse actuelle de CHF vis a vis de l’EUR n’est-elle pas la résultante de la faiblesse générale de l’USD et plus particulièrement face à l’EUR?
    La faiblesse de l’USD étant liée à certains indicateurs décevant (évolution des crédits aux particuliers) associés aux déboires de Trump (Obamacare, questions sur les relations avec les russes).

    Bref, la réalité est peut-être beaucoup plus complexe et le CHF à 1.104 vs l’EUR est toujours très fort.

  2. Le CHF restera toujours une monnaie refuge en cas de trouble de tout ordre dans la zone euro ou ailleurs dans le monde.
    Il n^y a pas d’affaiblissement du CHF mais un renforcement de l’Euro. Une phase de confiance initiée par l’élection de Macron, suivie par des déclarations clairement pro européenne de Merkel on donné confiance aux opérateurs économiques. La croissance économique semble revenir dans la zone Euro.

    C’est une bonne nouvelle pour tous. Un CHF moins fort favorise les exportations de la Suisse vers la zone Euro.L’emploi en Suisse y sera gagnant, donc nos emplois!

  3. Sauf à avoir des nouvelles désatreuses sur les négociations en cours sur le Brexit (du style pas d’accord et pas de phase de transition), c’est clair que je miserai effectivement sur un renforcement de l’euros par rapport au chf. D’ici mi-2018 fin 2018 il devrait se situer vers 1.115 à 1.120 (paire eur/chf). Pour autant je garde mes chf précieusement en CH…et vire le minimum en France…

  4. Pour quand est prévu le prochain remboursement Grec ?

  5. Je parie sur un renchérissement du CHF pour la même période!

    Essentiellement dû à:

    • une crise des crédits aux US
    • une crise bancaire en Europe
  6. @NicolasC

    La crise bancaire en Europe semble pourtant derrière nous: il y a eu des sauvetages/recapitalisation/fusion de banques italiennes et espagnoles et un processus de consolidation à l’échelle européenne est en cours. Il y a des accords de déblocage de fonds sur la Grèce et l’élection à venir de Merkel ainsi que l’objectif entre France et Allemagne de mener une politique économique plus concertée pour un noyau de pays de l’UE devrait encore aider. Au niveau BCE, la fin progressive du QE suivi par des intentions de remontée des taux entrainera aussi un renforcement de l’Euro par rapport à toutes les autres monnaies.

    Crise des crédits au US? Il y a quelques tensions mais parler de crise: à voir… la 3ème hausse des taux d’intérêts de la FED de l’année pourrait ne pas avoir lieu et même si c’est le cas, le rythme pour 2018 devrait être moins rapide que celui envisagé jusqu’à présent. Le retour à la normalité des bilans de la FED sera aussi extrèmement progressif et fait de façon très prudente. Donc jusqu’à fin 2018 je n’y vois pas une influence majeure et en tout cas pas directement sur la paire eur/chf.

  7. Avatar for Fafa Fafa says:

    Je parie pour un affaiblissement du CHF à court terme, mais pas à moyen / long terme car:

    -Trump
    -L’effet Macron commence à essouffler et que le rétropédalage post-electoral est bien amorcé, on va repartir pour un quinquennat d’austérité. Donc aucun impact positif sur l’économie et FN dans 5 ans…
    -Brexit

    J’espère cependant avoir tort…

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