Permis frontalier : de nouveaux records en 2015 !

Selon les chiffres publiés par l’Office fédéral de la statistique (OFS) ce 19 janvier, la Suisse comptait, en décembre 2015, 297’458 travailleurs frontaliers, soit une augmentation de 3.9 % par rapport à 2014. S’il existe quelques disparités, tous les cantons ont globalement vu leur nombre de travailleurs étrangers augmenter, et particulièrement celui de Genève.


En 2015, la Suisse attirait près de 298’000 frontaliers salariés, majoritairement dans les cantons de Genève (26.2 %), de Bâle Ville et Bâle Campagne (18.3 %) et de Vaud (9.2 %). Les frontaliers constituent environ 6 % des actifs de Suisse et sont issus de France (56 % environ), d’Italie (23 %) et d’Allemagne (22 %).

Le canton de Genève établit un nouveau record

Avec 95 930 travailleurs titulaires d’un permis G en 2015, Genève bat son précédent record.
En effet, 16’020 permis G ont été accordés en 2015, et même si, au cours de la même période, 8’899 ont été annulés, la progression reste malgré tout de l’ordre de 8 % annuels, soit 7’121. Toujours selon ces statistiques, les titulaires d’un nouveau permis n’ont jamais été aussi nombreux qu’en 2015. Presque 2/3 d’entre eux vivent dans le Genevois français et 13 % viennent de la région d’Annecy.

Autre fait étonnant, parmi les 8’899 permis G annulés, 1’435 l’ont été car leurs titulaires sont devenus résidents du canton de Genève !

Il s’agit d’un nombre record depuis le recensement de cette information en 2002. Conséquences des pressions exercées sur les frontaliers en 2015 tant au niveau social que fiscal ? C’est en effet l’une des explications avancées par l’OFS…

Les lecteurs du Blog des Frontaliers trouveront dans ces chiffres une confirmation de ce qu’il y avait été prédit. La chasse aux frontaliers lancée tout azimuth par l’administration française a eu pour effet un boom de l’installation en Suisse. Quel gâchis pour les frontaliers qui perdent en cadre de vie et pour l’administration qui perd des cotisants !

Mouvement de titulaires de permis frontalier, dans le canton de Genève, depuis 1989
Mouvement de titulaires de permis frontalier, dans le canton de Genève, depuis 1989

Un effectif frontalier à la hausse dans l’Ain et en chute libre en Haute-Savoie

En 2013 et 2014, le nombre de travailleurs frontaliers originaire du département de l’Ain connaissait une nette baisse, mais en 2015, il semble repartir à la hausse, avec une progression nette de + 1’319 personnes.
Pour la première fois, la commune de Bellegarde sur Valserine enregistre une augmentation de ses travailleurs frontaliers de 7.5 %, ce qui la place au niveau du Pays de Gex sur le plan de l’évolution des demandes de permis G. Ceci témoigne de la difficulté de se loger à proximité de la frontière. Le frontalier s’installe alors plus loin.

Du côté de la Haute-Savoie, la baisse du nombre de frontaliers est nette : – 13’700 !
En réalité, cette diminution n’est pas représentative puisque le département a modifié son mode de calcul de manière à ne plus comptabiliser dans ses effectifs les Suisses et les binationaux, à l’instar du canton de Genève.

Certaines communes ont été particulièrement touchées par la refonte du système de calcul, comme Gaillard ou Annemasse qui perdent respectivement 1’900 et 2’580 « frontaliers ». Une baisse qui n’ira pas sans répercussions financières : la redistribution de la compensation financière genevoise en pâtira !
À Annemasse, le maire annonce d’ores et déjà un manque à gagner de 387’000,00 euros

Aucun lien entre hausse du chômage et frontaliers !

En décembre 2015, le taux de chômage en Suisse atteignait 3.7 %.

Le lien de cause à effet entre travailleurs frontaliers en augmentation et chômage a rapidement été fait…
Pourtant, une étude menée par l’université de Neuchâtel, et consultable auprès de son service documentation, montre qu’aucun lien ne peut être établi entre ces deux phénomènes.

Bien au contraire, il indique que les travailleurs frontaliers apportent une bouffée d’oxygène au marché de l’emploi suisse qui est dans l’incapacité de fournir certaines compétences.  Faute de formations spécialisées adéquates dans les secteurs de la santé ou de la banque par exemple. Par ailleurs, l’étude met également en évidence la présence des travailleurs étrangers à des postes totalement délaissés par les Suisses. Bref, les frontaliers viendraient combler des manques plutôt que de pousser les résidents hors du marché du travail.

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