Fin du taux plancher, perspective américaine

Fabianne, genevoise récemment installée à Chicago , nous livre son point de vue d’expatriée sur des sujets qui touchent la Suisse et l’Europe. La distance donne un point de vue intéressant lorsque l’actualité est aussi dense en Suisse et à ses frontières.

Quelle n’a pas été la surprise des investisseurs américains lorsque la Banque Nationale Suisse a décidé, sans crier gare, d’abolir le taux plancher de 1,20 CHF pour 1 EUR le 15 janvier 2015 dernier ! Pour un pays connu pour sa stabilité, la mesure a de quoi étonner.

Les conséquences de la décision de la BNS ne se sont pas faites attendre: mouvement de panique sur les marchés, chute de l’euro face au dollar de 14% et chute du dollar face au CHF de 27%, pour n’en citer que quelques unes!

Comment perçoit-on cette mesure outre-Atlantique et dans quel contexte s’inscrit-elle ?

 

Une mesure qui n’arrive pas par hasard

Selon les économistes américains, la décision de la BNS d’abolir le taux plancher du CHF face à l’EUR n’arrive pas par hasard. Deux événements majeurs se profilaient à l’horizon.  D’une part, l’annonce  du programme d’assouplissement quantitatif  de la Banque Centrale Européenne . Ce  programme vise à relancer l’économie européenne en faisant tourner la planche à billets pour inciter les banques à distribuer des crédits.

D’autre part, La Banque Centrale américaine se demande si elle va augmenter les taux d’intérêts en 2015 ou non. Ces deux mesures auront un impact non négligeable sur l’économie européenne et mondiale, raison pour laquelle la Suisse aurait décidé de se positionner avant.

La locomotive US est de retour

La possible augmentation des taux d’intérêts par la Banque Centrale des Etats-Unis prouve la confiance dans la bonne santé de l’économie américaine. Lors de son discours de l’Union, Barack Obama se vante que les Etats-Unis ont créé plus d’emplois que tous ses partenaires réunis. A n’en pas douter, la locomotive US est bien là.

Des situations opposées

Aux USA on entend que l’ambiance en Suisse est toute autre. Le Conseil fédéral Suisse plancherait sur le moyen d’amortir le choc de la baisse de l’Euro sur l’économie Suisse et affirme qu’il n’y aura pas de plan de relance. Dans un pays on passe en intérêts négatifs, dans l’autre on parle d’augmenter les taux. En Suisse, on s’inquiétait à la mi-janvier d’avoir dépensé 100 Milliards pour défendre le plancher. La Banque Centrale des Etats-Unis, avec la devise de référence en main, n’a pas l’habitude de ces soucis.  Enfin, si l’économie US a largement bénéficié de la fracturation hydraulique et de la baisse des prix de l’énergie, la Suisse a dans les cartons une taxe sur l’énergie électrique pour 2020.

Au delà de ces oppositions, ce qui semble aujourd’hui caractériser ces deux économies, de tailles incomparables, c’est leur capacité d’adaptation.

L’Europe en play-back

Et l’Europe dans tout cela ? On dit ici que la Banque Centrale Européenne rejoue, avec quelques années de retard et avec un volume bien moindre, la partition qui a si bien réussi aux Etats-Unis. On saura dans quelque temps si la relance de la planche à billets n’arrive pas trop tard. Dommage que ces billets-là ne s’impriment plus. La Suisse, spécialiste des encres techniques en aurait profité. On aurait vu la qualité Suisse, au service de la prodigalité de l’Europe pour ses banques !

La Chine à l’affût

C’est plutôt le projet de la BNS et de la Bank of China sur le clearing en Renminbis (Yuan) qui parait porteuse d’avenir pour afficher le fameux « Swiss Finish » (Qualité Suisse) dans les services financiers. C’est stratégique pour la Suisse de se positionner sur l’échange de la 8ème devise du monde.  Gageons que si ce projet est un succès, on en entendra parler aux USA. La devise de la deuxième économie mondiale ne va pas manquer à grignoter des parts de l’échange mondial en dollar.

2 Comments

  1. Et presque trois mois après la décision de la BNS, l’économie suisse en pâtit… Le franc fort n’est pas une bonne nouvelle pour les commerces frontaliers…

  2. Le taux c’est une chose, la commission de change en est une autre. Aujourd’hui les commissions de change sont très fortes entre Suisse et France, il s’agit clairement d’une taxe supplémentaire de 1 à 3 %.

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