EUR / CHF : perspectives 2018 et impacts pour les frontaliers (trimestre 1)

Un trimestre s’est écoulé depuis notre dernière publication sur l’évolution de la parité EUR / CHF. Nous évoquions alors le scénario d’un retour progressif vers le seuil des 1.20. Qu’en est-il aujourd’hui? Quelle est la tendance pour l’année à venir et quelles en sont les causes? Enfin, quels vont être les impacts pour les frontaliers?

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Un scénario qui se confirme

Sur une année glissante de mi-janvier 2017 à mi-janvier 2018, l’euro s’est apprécié de 10.28% par rapport au CHF. 1 € équivalait à 1.07 CHF début 2017, il équivaut à 1.18 CHF aujourd’hui.

Depuis notre article de fin octobre 2017, comme envisagé, cette hausse de l’euro a bien été progressive. L’euro a pris 2.60% par rapport au CHF soit un ¼ de la hausse annuelle sur 3 mois.

D’un point de vue graphique, depuis fin juillet 2017, la paire EUR / CHF évolue clairement dans un canal haussier avec un cours qui prend appui sur la moyenne mobile à 50 jours.

 

Eur-Chf moyenne mobile 50 jours depuis juillet 2017

Sur une échelle de temps plus grande, les prochains seuils de résistance à la hausse s’échelonnent entre 1.20 et 1.225.

 

Eur-Chf moyenne mobile 50 jours depuis 2013

Les causes économiques de l’appréciation de l’euro

L’année 2017 a été marquée par une reprise synchronisée de la croissance économique mondiale qui, selon les sources, s’établit autour de 3% . Dans ce contexte, la zone euro n’a pas été en reste avec un taux de croissance attendu entre 2.3 et 2.6% (non encore publié). Elle a enregistré en 2017 son plus fort taux de croissance depuis 8 ans.

Après cette belle performance, les anticipations économiques pour la zone euro en 2018 sont optimistes. Du côté des entreprises, le niveau d’investissement devrait rester soutenu grâce à une consommation des ménages en hausse et à une forte demande mondiale générale. En France, comme en Allemagne, les indices de confiance des chefs d’entreprise sont au plus haut et les carnets de commande sont bien remplis, notamment dans l’industrie. En Europe, la croissance est attendue autour de 2.4% en 2018.

Ces bons fondamentaux économiques pourraient permettre à la BCE de mettre progressivement en œuvre la politique de normalisation monétaire. Elle l’évoque depuis des mois sans toutefois agir concrètement de peur de déstabiliser les finances publiques des États membres surendettés. Dans cette optique, une réduction du programme de rachat d’actifs (actuellement à hauteur de 60 milliards d’euros par mois) devrait s’opérer en 2018. Les taux directeurs pourraient remonter et cela, même si l’inflation, actuellement autour de 2.2% en zone euro, n’atteint pas le niveau de 3% espéré par la BCE.

Si un cycle de hausse des taux s’enclenche réellement en Europe, l’euro verra son attrait renforcé par rapport au franc suisse maintenu sous la pression des taux négatifs de la BNS. En n’adressant aucun signal directionnel aux marchés, cette dernière a pour l’heure choisi de garder le silence sur l’orientation qu’elle souhaite donner à sa politique monétaire. Il est probable qu’elle choisira d’agir sur ses taux directeurs au moment où l’écart avec ceux pratiqués par la BCE sera jugé trop grand et donc dommageable à l’économie suisse.

Les causes politiques de l’appréciation de l’euro

Enfin, les dernières craintes politiques encore présentes en automne 2017 en Europe ont quasiment disparu :

Il est peu probable que la crise identitaire catalane aboutisse à l’indépendance de la région. Les craintes d’un morcellement ingérable de l’Europe évoquée par Jean Claude Juncker en octobre 2017 sous la formule « Je ne veux pas d’une Union européenne qui comprendrait 98 Etats » ne semblent plus être d’actualité.

En Allemagne, Angela Merkel réussira vraisemblablement à former un gouvernement dans les semaines qui viennent et dans un contexte économique porteur non propice aux soubresauts politiques.

Dernière petite ombre au tableau, les élections italiennes du 4 mars 2018 s’annoncent confuses du fait d’un paysage politique très dispersé et indéchiffrable. Les marchés pourraient jouer à se faire peur en envisageant la victoire de l’imprévisible mouvement eurosceptique 5 Etoiles.

Les impacts de la baisse du franc suisse

Avec une évolution de la parité EUR / CHF pronostiquée au-dessus de 1.20 voire de 1.22 en 2018 par de nombreux analystes, les frontaliers vont en premier lieu ressentir une baisse de leur pouvoir d’achat.

En effet, pour un salaire brut de 65 000 CHF / an qui correspond à un salaire net imposable en France de 58 000 CHF / an, si l’euro monte de 1.05 à 1.22 CHF, le montant disponible pour les dépenses courantes diminue de 7 700 € (14%). Cet écart est pour le moins sensible, il faudra composer avec cette nouvelle donne.

Pour le frontalier, la baisse du franc suisse n’a toutefois pas que des inconvénients. Bien au contraire, elle présente quelques avantages.

Avantages et amortisseurs

Un franc suisse moins surévalué par rapport à l’euro (et aux autres monnaies), réduit le risque de suppression des emplois frontaliers qui souvent servent de variable d’ajustement aux entreprises en cas de choc économique. Une part importante de l’économie suisse est tournée vers l’export, un franc suisse meilleur marché apporte un soutien indéniable aux multinationales. En clair, il est sans doute préférable de perdre un peu de pouvoir d’achat de que perdre son emploi tout court.

L’euro à 1.20 (ou plus) va soulager le marché immobilier frontalier en libérant des biens qui était devenus invendables sous peine de matérialiser une perte de change colossale au moment de solder le prêt immobilier en CHF qui avait servi à les financer. De même, tous ceux qui sont contraints de vendre précipitamment leur bien suite à une mutation ou un divorce verront la baisse du franc comme une bouffée d’oxygène. Certains même, les «chanceux», qui ont bloqué le taux de change de leur prêt autour de 1 € = 1 CHF au moment de leur achat feront une grosse plus-value non imposable s’ils se trouvent en situation de revente.

Enfin, les frontaliers amortiront un peu leur perte de pouvoir d’achat sur la durée (1 à 2 ans) du fait des mécanismes différés liés à l’impôt sur le revenu et à la CMU. En effet, la CMU est calculée en fonction des revenus, si les revenus baissent, la cotisation CMU baisse également. Dans l’exemple de salaire ci-dessus, l’économie sur la prime CMU se monte à : 616 € / an. Il en est de même pour le montant de l’impôt sur les revenus côté français, avec un écart plus ou moins grand en fonction des situations individuelles. Bientôt, il sera sans doute de nouveau intéressant de regarder du côté suisse pour certains types d’achats : matériel électronique, carburant, cigarettes …

Et vous, comment vous êtes vous organisé pour gérer cette baisse du franc suisse ?

Avec le taux de change actuel, si vous vous interrogez sur l’intérêt de souscrire à une garantie de change, voyez notre article sur la garantie de change.

Commentaires

  1. Bel article, qui se base sur une analyse technique aussi bien que fondamentale, et prévoit les impacts.

    Un cas d’école pour tous ceux qui veulent se lancer dans le « trading », et qui prouve que la performance ne s’obtient pas accoudé au bar devant son journal régional.

  2. 1.16 suite a la confrontation à Davos de Mario Draghi et Thomas Jordan ^^
    Mais ca préfère parler bitcoin à la con.

  3. Il faut que l’on en parle.

  4. Lol, la baisse sur la CMU une économie :slight_smile:

    C’est un peu comme si on te faisais une remise de 10% sur un montant monstrueux …

    D’ailleurs à mon avis seuls les faibles salaires sont en CMU donc à mon avis l’économie doit être plus que faible…

  5. Alors? Les pronostics?
    Graphiquement support a1.16, si ca casse on revient sur 1.14 puis 1.10?

    Au fait ils se sont dit quoi jordan et draghi?

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